F3: Dire et se faire entendre : jeux et enjeux de la parole

Les questions du programme:

Conciliant à la fois littérature et spectacle, le texte de théâtre permet de comprendre comment un texte est écrit pour être dit et comment sa mise en scène produit un effet sur le spectateur. La poésie complète la lecture du texte théâtral en mettant particulièrement en lumière les pouvoirs esthétiques de la langue. Les discours, qu’ils soient académiques, politiques ou judiciaires, visent une efficacité immédiate. Par cette diversité, les élèves découvrent que pour agir sur l’autre (séduire, plaire, émouvoir, convaincre …), parole et puissance sémantique du geste sont indissociables.

1 - Le théâtre

Le théâtre est d’abord un spectacle ; la finalité du texte est d’être mis en scène (par un metteur en scène) et joué (par des comédiens/acteurs qui incarnent des rôles/personnages).

Le texte de théâtre se compose de deux éléments différents principaux :

  • 1 - Les didascalies sont :

- Les indications de l'auteur pour la mise en scène (bruits, décors...), souvent entre parenthèses et en italiques.

- Les gestes et attitudes des personnages.

- souvent entre parenthèses et en italiques


  • 2 - Les paroles des personnages qui peuvent être :

- La réplique : souvent courte, des questions réponses par exemple.

- La tirade : lorsqu'un personnage parle longtemps.

- L’aparté : lorsqu'un personnage dévoile ses pensées au public sans que les autres personnages présents sur scène ne l'entendent.


Les principaux genres :

La tragédie décrit une crise grave où les personnages, en proie à de fortes passions, s'affrontent sans pouvoir éviter un dénouement malheureux. Plusieurs règles : La pièce prend pour cadre l’Antiquité. Les personnages appartiennent à l'aristocratie. La règle des trois unités (temps, lieu et action) doit être respectée : l’action se déroule en un lieu unique, dure une journée et ne comporte qu’une intrigue.

Le drame est apparu dans la première moitié du XIXe siècle. C'est une pièce qui conserve un ton tragique mais ne respecte pas les règles de la tragédie classique. L'histoire se situe à une époque récente, est centrée sur un héros passionné et son dénouement est malheureux. Ex : Les justes d’Albert Camus

La comédie cherche a divertir, à faire rire, par une intrigue légère ou en peignant les caractères de certains personnages. Le dénouement est heureux. Ex : Le malade imaginaire de Molière.

La farce est une courte comédie fondée sur les jeux de scène. Le niveau de langue est familier. Ex : Ubu Roi d’Alfred Jarry


2 - Les discours judiciaires

L’idéal de la démocratie nous vient d’Athènes au Ve siècle av. J.-C., période que l’on a nommée le siècle de Périclès (495-429 av. JC) du nom de l’un de ses magistrats dont la figure est restée célèbre. Il a en effet dirigé Athènes pendant trois décennies et imposé la démocratie à la cité. Même si elle n’a rien à voir avec nos démocraties actuelles, notamment par les inégalités sociales sur lesquelles elle se fondait (les citoyens ne représentaient qu’un tiers environ de la population de la cité), il n’en demeure pas moins que la démocratie athénienne constitue un modèle sur le plan de la place et du rôle de la parole de chaque citoyen.

Des spécialistes de la parole étaient formés dans les écoles de rhétorique qui enseignaient la science du discours par l’apprentissage de techniques.

C’est dans le domaine judiciaire qu’ils exerçaient essentiellement leurs talents, en direction d’un tribunal pour accuser ou défendre dans de longs monologues où la force de la parole est déterminante pour emporter l’adhésion des juges.

On peut regrouper les arguments employés dans un discours argumentatif selon deux catégories :

• Les arguments affectifs visant à éveiller les passions de l’auditoire (colère, crainte, pitié…), c’est ce que l’on appelle le pathos du discours.

• Les arguments rationnels s’adressant à la raison de l’auditoire, à sa logique. C’est ce que l’on appelle le logos. Ils prennent appui sur des faits, des preuves, des témoignages.

La tonalité polémique, qui vise à critiquer violemment un comportement, prend appui sur l’indignation, des exclamations exprimant la colère et un lexique volontairement péjoratif (c’est-à-dire négatif). Dans un réquisitoire, le sujet du discours est considéré comme coupable. L’orateur va exprimer sa colère et son indignation dans de longues phrases rythmées.


Le réquisitoire

Le terme réquisitoire vient du latin requiere qui signifie «réclamer». Il s’agit d’un discours argumentatif qui est prononcé oralement par un procureur lors d’un procès en direction du jury et de la Cour, et qui «réclame» la culpabilité d’un accusé et bien souvent énumère les charges retenues et les peines prévues par la loi. Le réquisitoire peut aussi être un discours écrit qui fait une critique à l’égard d’un homme, d’un parti, d’une doctrine. La personnalité de l’orateur est déterminante dans la stratégie argumentative.

C’est ce que l’on appelle l’ethos, c’est-à-dire l’image que l’orateur donne de lui par son discours et qui transparaît par le biais de l’action.


Le plaidoyer

Le plaidoyer est un discours qui a pour objectif de défendre une cause, une personne, une idée. Comme le réquisitoire, il s’agit d’un discours argumentatif mais qui repose sur une stratégie spécifique prenant appui davantage sur les émotions (pathos), pour persuader et non pas convaincre en utilisant la raison uniquement (logos). Dans un plaidoyer, l’orateur, l’avocat de la défense, va utiliser des procédés lexicaux ou stylistiques renforçant l’effet pathétique dans de longues phrases appelant à la pitié, à la compassion.

Le sujet du discours, même s’il est coupable, est présenté comme une victime.

Notions-clés :

  • Jeux : mise en voix, placement de la voix ; intonation, prosodie, rythme ; mise en scène, scénographie, spectacle, dramaturgie, diction, gestuelle ; rhétorique, art oratoire, éloquence …

  • Enjeux : émouvoir/plaire/séduire ; instruire/divertir ; persuader/convaincre, accuser/défendre …

Finalités et enjeux :

  • Apprécier la dimension esthétique et créative de la parole.

  • Découvrir et pratiquer la prise de parole en public.

  • Comprendre et maîtriser les genres qui participent à la fois de l’oral et de l’écrit.


En classe de seconde professionnelle, l’enseignement du français constitue une étape supplémentaire dans la compréhension des genres codifiés de l’oral. En classe de troisième, les élèves ont mesuré l’importance de la parole et l’utilité de sa préparation. Aussi s’agit-il d’appréhender la variété des pratiques de l’oral, notamment dans les lieux où la parole est mise en scène. Aux « jeux » de la parole correspondent des « enjeux » rhétoriques qui sont étudiés quels que soient les auteurs, les époques, les styles et les genres littéraires et oratoires. Les élèves apprennent à travers différents genres à repérer les procédés de l’éloquence, à les analyser et à les mettre en pratique. Ces objectifs ne peuvent être dissociés de la découverte du sens des textes, que vient alors servir l’interprétation scénique. Distinguer les formes, les codes et les pratiques de toute prise de parole et les expérimenter est nécessaire pour les élèves qui, en classe, en société ou dans le cadre de la vie professionnelle, ont à s’exprimer.