Les niveaux de langue

La langue française permet de s’adapter à son interlocuteur : en fonction du contexte et des personnes à qui tu t’adresses, pour exprimer une idée, tu n’emploieras pas les mêmes mots et expressions.

Il existe ainsi trois niveaux de registre de langue (à ne pas confondre avec les registres) qui permettent d’établir un cadre de communication adapté.

Raymond Queneau (1903-1976) est un auteur français qui a participé à l’aventure surréaliste : mouvement artistique et littéraire utilisant des forces psychiques (automatisme, rêve, inconscient) sans raison apparente pour créer de nouvelles œuvres.

Dans « Exercices de style », (1947) Raymond Queneau raconte 99 fois la même histoire, en jouant sur la façon de les raconter. Voici l’histoire qui va être transformé : Le narrateur rencontre dans un bus un jeune homme au long cou, coiffé d'un chapeau orné d'une tresse tenant lieu de ruban. Ce jeune homme échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur revoit ce jeune homme qui est maintenant en train de discuter avec un ami. Celui-ci lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.


1 - Le langage courant

C’est celui de tous les jours : simple d’usage, il n’est ni incorrect, ni recherché.

Le vocabulaire, la grammaire et la prononciation sont corrects, les phrases plutôt courtes et efficaces.

Exemple : « Dans l’S, à une heure d’affluence. Un type dans les vingt-six ans, chapeau mou avec cordon remplaçant le ruban, cou trop long comme si on lui avait tiré dessus. Les gens descendent. Le type en question s’irrite contre un voisin ».


2 - Le langage soutenu

Il est employé dans les discours officiels, les écrits littéraires et essais, dissertations, mémoires d’études.

Le vocabulaire sera recherché, enrichi de termes littéraires ou précis et de figures de style, la grammaire privilégie des constructions plus complexes et temps verbaux rares. On veillera à mettre le ton, marquer les liaisons et avoir une prononciation claire.

Exemple : « Nous étions quelques-uns à nous déplacer de conserve. Un jeune homme, qui n’avait pas l’air très intelligent, parla quelques instants avec un monsieur qui se trouvait à côté de lui, puis il alla s’asseoir ».


3 - Le langage familier

Il est employé à l’oral ; on le retrouve néanmoins à l’écrit avec le but d’imiter le côté relâché voire vulgaire mais aussi plus réel et vivant de la parole.

Le vocabulaire sera donc relâché ou vulgaire ; la grammaire reste la même que dans le langage courant, les phrases sont courtes voire non-verbales, et les questions n’inversent pas le sujet. La prononciation autorise ici à ne pas dire clairement toutes les syllabes des mots.

Exemple : « L’était un peu plus dmidi quand j’ai pu monter dans l’esse. Jmonte donc, jpaye ma place comme de bien entendu et voilàtipas qu’alors jremarque un zozo l’air pied, avec un cou qu’on aurait dit un télescope et une sorte de ficelle autour du galurin ».